La forge de Don Quichotte
Jongleries 02
On ne peut se battre pour ce qu'on ignore. (Hakim Bey)
Il faut fuir le prévisible, sinon tout est foutu. On cesse de vivre.
On en vient même à ne plus rien faire du tout ou pire : à faire comme tout le monde – aussi bien dire n’importe qui.
Une question essentielle, incontournable : que faire des jours qu’il nous reste ?
Non seulement le nombre ira en diminuant mais la qualité, au fil du temps, ne pourra que se dégrader. Impossible d’y échapper.
On peut toujours espérer que cette érosion soit graduelle et ne se manifeste que sur le tard mais il s’agit là d’un phénomène naturel qu’on ne peut enrayer tout à fait, du moins dans l’état actuel de nos connaissances scientifiques.
Tout s’effrite et se défait, la pensée tout autant que le corps, mais qu’est-ce qui se fane en premier ? L’usure la plus sournoise n’est peut-être pas celle que l’on croit. Dans ce cas, les apparences peuvent bien s’avérer trompeuses; voilà un adage aisé à vérifier.
Même au bout d’une vie remplie de joies et de peines, de naissances et de deuils, de renoncements et d’acceptations, qui pourra affirmer avec certitude lesquelles des souffrances, morales ou physiques, auront été les pires ?
Il faut agir, décider.
Que fera-t-on de toutes les saisons qui
viennent ?
Qui s’occupera des récoltes ?
Qui prendra la route pour aller fouler le sol des lieux magiques encore inexplorés ?
Qui déchiffrera chacun de ces visages aux yeux suppliants ?
Qui saura entendre les cris des révoltes ?
Qui forgera les épées si tous les combats sont perdus d’avance ?
Qu’adviendra-t-il de nos soifs sans personne pour les assouvir ?