la marge
je longe les gerçures
des artères urbaines
je bois aux fontaines
crèche dans les murs
je sonde les chemins
aux passages embrumés
raccourcis étriqués
dont j’épie les matins
cœur imperméable
aux courants de l’histoire
je ne peux plus boire
à moins qu’inondable
dans toute la ville
j’ai construit des ponts
que nous franchissons
ouvrages inutiles
dont certains résistent
mais beaucoup s’écrouleront
sous le poids des rançons
ou des visages tristes
nous aurons de la chance
si malgré les obstacles
le chaos se rétracte
et fait place au silence
vingt
travaux à maux couverts
plâtre sur automne
grise même par clair
il faudra se méfier
des panneaux
que nous traversons
des rivières
du rang et des cèdres
du bar laitier
...
le chrome à vendre
l’avoine, le maïs
successions ensilées
nouvelles, usagées
pylônes sur esquisse
pièces échangées
inspection gratuite
...
lampadaire st-Valère
éblouis – barres obliques
toutes monotonies
vos affaires ici
dépassements permis
trucks only
...
sapins immatures
antiquités ou ordures
remorques et rambardes
lorgnent les haltes en approche
lac cristal déjà loin
eau de source naturelle
espaces résidentiels
occasions à saisir
attention ralentir
vignettes permises
...
exit le lac
rivière Louise gentille
exit le camping
le gaz-bar
attention orignaux
attention petite fille
triangle inversé
berline dépassée
...
Orléans
Ste Sophie
dos à dos
St-Pierre et Manseau
des milles au compteur
rien au ventre
pas plus de 60
vignettes permises
...
nuages en tonneau
en vaisseaux
robots animaux
formes humaines
embrochées d’un seul trait
surveillance aérienne
...
rubans galvanisés
humeur fleur de lis
va d’où je viens
couvre un ciel perforé
de fruits d’or à deux sous
voici la sortie
15ème ou 16ème
nous convergeons
au point de congélation
20 minutes excepté
vignettes autorisées
...
avancez reculez
cédez sous pression
fumée blanche
vous changez de région-religion
absence prolongée
vignettes interdites
...
les ruminantes sont couchées
sous leurs pattes, l’herbe disparaît
n’y a que le sifflement continu du trafic
...
wagons accrochés sur l’horizon
pas de connexion
les yeux de blanc crispés
hôtel-motel
diesel, disait-elle
à marée haute
la flamme enseigne
la main courante
...
les promenades
les clubs, les refus
banlieues barbecue
rues Dollarama
une heure ou un train
un frein hydraulique
une rangée de nains nus
du bois d’allumettes
...
étalons perchés
au passage à niveau
chiens bicolores
Exit Réseau
service et pièces
radio pittoresque
en cola-duplex
transporteur sur mesure
accès au chantier – recul
sauf véhicules autorisés
...
les autos se rabattent vers la bretelle
j’aperçois la rive nord toute baignée de bleu
le frimas a déjà gagné les talus
les hautes tensions s’affaissent
nous longeons le fleuve en suivant le courant
nous traversons – le ciel s’éclaircit
il fait gris pâle sur la capitale.
nos jours infinis sont comptés
...
de nuits blêmes
de matins brefs
...
nos alibis se forment
et se déforment
...
tu racontes
des contrées nomades
aux frontières arbitraires
...
nos mécaniques
modèlent un monde
au quart de tour
...
nos jours infinis sont comptés
...
capables du pire
quand le mieux nous escorte
...
nos jours infinis sont comptés
de sable émouvant
de miel étoilé où se pendre
nos jours infinis sont comptés
cesse d’attendre
et devient immortel
(textes publiés dans la revue de poésie exit #112)
Comments