L’homme qui n’est plus homme regarde
l’enfant qui n’a jamais été enfant.
Je ne reconnais plus rien :
la femme qui n’est plus femme
la machine qui n’est plus machine
ni même toi, l’enfant…
C’est que tu es
trop vieux pour comprendre
trop lent pour suivre
trop faible pour agir.
L’homme égrène ses mots comme des perles.
J’ai été enfant moi aussi…
Les paroles de l’enfant sortent en rafale.
C’est différent aujourd’hui.
On n’est plus des enfants mais des personnes.
Un enfant est une personne…
Mais l’enfant n’écoute déjà plus le vieil homme.
J’ai assez perdu de temps avec toi : le monde m’attend!
Saisi d’une grande lassitude, l’homme se laisse
doucement glisser sur le sol.
Le monde, je ne le reconnais pas non plus…
Cette fois l’enfant a entendu et il se retourne, choqué.
C’est ta génération qui a tout fait de travers !
Si le monde est pollué, violent, intolérant et égoïste,
c’est de la faute de vieux comme toi !
Nous on va changer tout ça.
Sans attendre de réponse, l’enfant s’en va.
Pendant un long moment, tout est silencieux.
Puis, le cri d’un corbeau retentit au loin.
Le vieillard est assis par terre, les yeux fermés.
Il ne les ouvrira plus.
L’enfant a emporté le monde avec lui.
quiconque doit te lire en improvisant avec un instrument quelconque mais loin d'être quelconque... une conque, peut-être?